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Le modèle coopératif et mutualiste du Crédit Agricole au service de la finance réparatrice


Jérôme GRIVET

Directeur général adjoint de Crédit Agricole S.A


Jérôme Grivet débute sa carrière dans l’Administration. Il est notamment Conseiller pour les Affaires Européennes du Premier Ministre, Alain Juppé, avant de rejoindre le Crédit Lyonnais en 1998, en tant que Responsable de la Direction Financière et du Contrôle de Gestion de la banque commerciale en France. En 2001, il est nommé Directeur de la Stratégie du Crédit Lyonnais. Il occupe ensuite les mêmes fonctions au sein de Crédit Agricole S.A. En charge des Finances, du Secrétariat Général et de la Stratégie de Calyon en 2004, il en devient Directeur général délégué en 2007. Fin 2010, il devient Directeur général de Crédit Agricole Assurances et Directeur général de Predica. En mai 2015, Jérôme Grivet devient Directeur général adjoint de Crédit Agricole S.A., en charge des finances. Inspecteur des Finances, ancien élève de l’ENA, Jérôme Grivet est diplômé de l’ESSEC et de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris.


Notre société est aujourd’hui face à une équation paradoxale : d’un côté, les progrès technologiques n’ont jamais été aussi rapides et prometteurs, de l’autre, le réchauffement climatique, les inégalités sociales, la paupérisation de territoires autrefois prospères et la peur du déclassement social fragilisent nos économies et nos structures sociales. Cela se traduit partout en Europe par une défiance grandissante à l’égard des institutions et plus généralement des modèles économiques. Ce qui s’exprime ainsi, c’est bien une crise du Sens, et l’attente particulière que les Entreprises alignent plus directement et plus clairement leur business model sur la production de bénéfices sociétaux. En effet, déployer une politique RSE engagée et ambitieuse est nécessaire mais bien au-delà de cela, la durabilité des entreprises dépendra désormais de leur capacité à fonder leur cœur d’activité sur une utilité perçue et reconnue.


Ces exigences ne sont pas incompatibles avec le monde de l’entreprise, ni même le monde de la banque et de la finance. Certaines des réponses à ces défis se trouvent dans nos racines coopératives et mutualistes, d’autres ne demandent qu’à être nourries.


L’univers de la finance est fréquemment pointé du doigt pour ses dérives liées à la pression de la rentabilité à court terme. Pourtant d’autres modèles existent. Orientés sur le temps long, ils ont fait la preuve de leur capacité à concilier dans le même temps l’utilité au client et le développement économique des territoires. Il en va ainsi du modèle coopératif et mutualiste du Crédit Agricole, né des solidarités au 19ème siècle et aujourd’hui 10ème groupe bancaire mondial :


  • Avec 10 millions de sociétaires, nous sommes la première coopérative au monde, fondé sur le principe de contribution aux décisions de gouvernance d’1 personne = 1 voix. Ce modèle mutualiste est à la base de notre gouvernance et se traduit très concrètement par une direction collégiale, où les décisions sont prises collectivement : localement avec nos 10 millions de sociétaires, et au niveau national entre les 39 Caisses régionales et nos organes centraux. Ce que nous pouvons avoir parfois l’impression de perdre en réactivité et simplicité avec ce modèle, nous le gagnons dix fois en stabilité et en bon sens.


  • Ce modèle de prise de décision et de responsabilité collectives, nous nous attachons à l’appliquer à tous les niveaux internes à notre Groupe grâce à notre projet humain. Mettre en place un cadre de confiance pour tous nos collaborateurs pour donner à chacun les moyens de sa propre montée en compétence et responsabilisation, et par ce biais, placer la responsabilité au plus proche du client. C’est cette responsabilité en proximité que nous souhaitons leur offrir : l’accès à un service de qualité, transparent et loyal, matérialisé en la personne de leur conseiller. Nous nous fixons comme objectif un minimum de 80% de nos décisions prises au plus proche du client !


  • Cela recoupe un autre élément fort de notre identité : le lien intime et multiforme qui nous lie aux territoires. Chacune des 39 Caisses régionales du Crédit Agricole est une banque de plein exercice, ancrée sur son territoire d’origine. Notre vaste réseau d’agence, mais également la présence des sièges au cœur de nos régions ou encore les 30 000 administrateurs qui mettent leur temps et leur énergie au service du Groupe sont autant de lien unissant le cœur de notre modèle à tous les territoires, urbains ou ruraux, centraux ou enclavés. Notre rôle d’intermédiaire convertissant l’épargne en financement local lie inexorablement notre destin et celui de ces territoires. Il n’y aura pas de Crédit agricole florissant dans des territoires abimés ou traversés de crises sociales et nous avons un rôle crucial à jouer pour préserver le lien sociétal qui fait la cohésion et la vie de nos territoires – voire pour le recréer : promouvoir l’égalité des chances en donnant à chacun les moyens de créer son entreprise, donner à nos clients les outils et l’accompagnement nécessaires pour surmonter les moments difficiles, participer à la vie associative, culturelle ou sportive locale … Ce sont autant de missions que nous assurons depuis longtemps au travers notamment de nos réseaux, de nos villages, de nos points passerelles ou encore de nos fondations d’entreprise.


  • Enfin, cette loyauté envers nos clients et nos territoires s’exprime aussi par une approche responsable de notre métier de banquier. Celui-ci induit de nombreux devoirs au quotidien: être transparent sur nos tarifs, offrir des produits et services adaptés à tous les clients, du plus aisé au plus modeste, assurer la prévention du surendettement par l’éducation financière, et son traitement par des politiques et outils adaptés, protéger les données de nos clients et nous montrer digne de leur confiance, …


Tous ces éléments constituent d’ores et déjà une évidence dans le quotidien de nos 141 000 collaborateurs, mais nous avons souhaité récemment les inscrire dans le marbre, en nous dotant d’une Raison d’être : agir chaque jour dans l’intérêt de nos clients et de la société.


Enfin, un dernier impératif s’impose désormais à nous avec une force et une urgence implacables, et que nous avons également souhaité inscrire dans notre Raison d’être : le défi environnemental, qui questionne nos modèles économiques et ne pourra être relevé que par un effort collectif et massif. Le secteur financier a un rôle clef à jouer dans cet effort en raison de son positionnement central et transverse dans l’économie. Il doit faire preuve de créativité et se doter des outils pour jouer pleinement ce rôle. Là aussi, les solutions connues sont multiples et le Crédit agricole s’est massivement investi sur ces nouveaux territoires : il est aujourd’hui au premier rang mondial pour l’arrangement de Green bonds, parmi les leaders européens de l’investissement responsable ou encore premier financeur privé des énergies renouvelables en France. Mais ces efforts doivent être amplifiés et démultipliés pour faire face à l’ampleur du défi, et de nouveaux outils restent à inventer. C’est ce que nous nous attachons à faire, en mobilisant nos forces et la diversité de nos métiers, et en inscrivant la finance verte comme un des axes majeurs de notre développement. Nos objectifs sont ambitieux : financer un projet d’énergie renouvelable sur 3 (contre ¼ aujourd’hui), doubler la taille de notre portefeuille de prêts verts, gérer 100% de nos actifs sous gestion active en tenant compte des critères ESG, sortir du financement du charbon thermique, accompagner tous nos clients dans la transition énergétique…


La finance inclusive et la finance verte ne peuvent et ne doivent pas se développer comme des sous-catégories d’un secteur financier qui tarderait à s’adapter et évoluer aux enjeux sociétaux. Elles doivent en être des parties intégrantes et des moteurs. Au Crédit Agricole, nous en avons fait la base de notre Raison d’être et choisi de lier notre développement au leur. A l’heure du bilan de l’année 2019, c’est d’ailleurs une grande fierté de constater que chacun de nos métiers et de nos collaborateurs s’est engagé dans cet élan et les résultats sont nombreux et prometteurs : nous avons financé 813 millions d’euros d’infrastructures

d’énergies renouvelables, structuré plus de 49 milliards d’euros de green bonds et 3,7 milliards de social bonds, …

Mais nous avons aussi oeuvré pour nous donner les moyens de faire plus et mieux dans les années à venir : des outils de notation et de reporting pour évaluer l’impact de nos activités et produits, une gouvernance commune qui a déjà permis l’adoption d’une stratégie climat unique, ou encore la création d’un comité rassemblant des experts externes et reconnus pour nous guider et nous conseiller dans notre démarche…


Car c’est aussi cela le bon sens mutualiste : avoir l’humilité d’écouter, de se questionner et savoir mutualiser les connaissances et les compétences de tous, au profit de tous. Et c’est aussi cela qui fera la finance de demain.

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